J’ai rencontré cet été plusieurs personnes qui ont été affectées par l’herbe à la puce (Toxicodendron radicans). En discutant avec ces gens, je me suis rendu compte que la majorité d’entre eux n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble cette plante et comment ils ont pu entrer en contact avec elle. Voyant la confusion qui règne au sujet de cette plante toxique, j’ai décidé de partir à la chasse à l’herbe à la puce ! Je me suis donc rendu chez mon ami Philippe Mollé et je l’ai aidé à se débarrasser de cette herbe indésirable qui a littéralement envahi son terrain.

Sur la photo d’introduction on peut voir le feuillage de l’herbe à la puce qui rappelle étrangement celui de l’érable à giguère (Acer negundo).

L’herbe à la puce est une petite coquine puisqu’elle change souvent d’aspect rendant ainsi son identification parfois difficile. Elle est le plus souvent dressée et buissonnante mais elle peut aussi adopter un port rampant ou grimpant. Ses feuilles vertes et lustrées sont composées de trois folioles ovales à bout pointu dont les marges sont légèrement découpées. On retrouve l’herbe à la puce un peu partout en Amérique du Nord. Lors d’un récent voyage à Cape Cod, dans l’état du Massachusetts, je me suis rendu compte qu’il en poussait partout sur les dunes de sable près de la mer ! On la retrouve aussi souvent à l’orée des forêts sises sur des sols sableux. Dans nos jardins, il arrive qu’elle pousse au pied des haies de thuyas (cèdres). Dans ce cas particulier, elle est tout simplement apportée avec les thuyas lorsqu’ils sont arrachés des champs où ils poussent.

Lorsqu’il chasse l’herbe à la puce, le jardinier extrême prend soin d’enfiler une combinaison imperméable et de longs gants de caoutchouc épais qu’il jette ensuite aux ordures une fois le combat terminé.

L’arrachage est assurément le meilleur moyen de venir à bout de l’herbe à la puce. Lorsqu’on l’extrait du sol, on se rend compte que cette plante toxique possède de longs rhizomes qui courent parfois sur plus d’un mètre de longueur.

L’herbe à la puce contient une substance huileuse appelée urushiol qui porvoque rougeurs, cloques et enflures lorsque la peau entre en contact avec celle-ci. Ces symptômes apparaissent généralement 24 à 48 heures suivant le contact et peuvent persister pendant une à deux semaines. Toutefois, il arrive que les symptômes apparaissent plusieurs jours – jusqu’à deux semaines plus tard – après avoir été en contact avec l’herbe à la puce. L’inflammation de la peau est due à la réponse immunitaire du corps humain à l’urushiol. Il n’est donc pas possible de transmettre une dermatite causée par l’herbe à la puce d’un individu à un autre en touchant les plaies, sauf dans les minutes qui suivent le contact avec la plante puisque l’urushiol est encore présent sur la surface de la peau. Un grand nombre d’animaux et d’oiseaux sont complètement insensibles à cette plante parce que leur système immunitaire est différent de celui des humains. Toutefois, soyez vigileants puisqu’on rapporte plusieurs cas où les gens se sont infectés en carressant la fourrure de leurs animaux domestiques. D’autre part, si vos vêtements ou vos outils ont touché la plante, il est préférable de les jeter aux ordures puisque l’urushiol peut persister très longtemps sur les tissus et le bois.

Si vous croyez être entré en contact avec cette plante, lavez rapidement votre peau à l’eau froide, sans toutefois utiliser de savon. L’eau froide dilue la sève et referme les pores de la peau empêchent partiellement l’urushiol de pénétrer et diminuant ainsi la gravité des symptômes. Si des cloques apparaissent sur votre peau, la meilleure chose à faire est de ne pas vous gratter (oui ! Ça pique !), d’appliquer de la calamine pour apaiser la région inflammée et de recouvrir le tout avec une gaze. Mais rassurez-vous, j’ai moi-même été affecté par l’herbe à la puce et je peux vous affirmer que, bien que cela soit une expérience plutôt désagréable, on y survit assez bien !

En terminant, il ne faut pas confondre l’herbe à la puce avec l’herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia), qui cause des allergies respiratoires – éternuements violents, congestion nasale, démangeaison aux yeux et de larmoiements – à environ 10 à 12 % de la population de l’est du Canada. Bien qu’elle affecte des centaines de milliers de personnes chaque été, il est plutôt étonnant de constater à quel point l’herbe à poux reste méconnue et que peu de gens savent l’identifier convenablement. Mais, contrairement à l’herbe à la puce, sachez qu’il n’est pas dangereux de toucher l’herbe à poux avec les mains nues. D’une hauteur très variable – certains plants font aussi peu que 20 cm, de hauteur alors que d’autres dépassent 1 mètre –, cette plante annuelle possède des feuilles caractéristiques de couleur vert tendre qui sont finement découpées. Ses fleurs de couleur jaune verdâtre apparaissent durant l’été et sont réunies en masses au sommet des tiges.