Dans la ville où j’habite, je vois depuis quelques temps de nombreux arbres matures être coupés. Et je ne suis pas le seul à assister à ce massacre à la tronçonneuse car il y a plus de 4 millions d’arbres urbains qui sont coupés chaque année en Amérique du Nord. Non seulement ce phénomène m’attriste-t-il mais il me met carrément en colère puisque dans plusieurs cas l’abattage de ces arbres pourrait être évité grâce à quelques précautions toutes simples. Voici donc un véritable plaidoyer pour que cesse le massacre de nos forêts urbaines, puisque les arbres sont essentiels à la vie sur terre; sans eux nous n’existerions tout simplement pas !

Il est choquant de constater à quel point plusieurs entrepreneurs en construction manquent de respect pour les arbres situés autour des maisons qu’ils rénovent ou qu’ils bâtissent. Ils ne sont pas les seuls puisque certains entrepreneurs paysagistes ont également assez peu de considération pour les arbres existants. Ainsi, il est effarant de voir la quantité d’arbres qui meurent et qui sont abattus chaque année suite aux travaux effectués par de tels entrepreneurs.

Le dépérissement et la mort des arbres sont directement liés au passage répété de la machinerie lourde. Cela provoque la compaction du sol autour des arbres ce qui a pour effet d’écraser leurs racines et de les asphyxier. Les blessures du tronc causées par la machinerie qui gravite autour des résidences en rénovation ou en construction sont une autre cause importante de la mort des arbres urbains. Mais il y a pire : certains entrepreneurs éliminent carrément les arbres existants – contrevenant ainsi aux règlements municipaux – prétextant qu’un terrain complètement dégagé facilite l’avancement des travaux.

Soit par méconnaissance ou par nonchalance, plusieurs entrepreneurs n’ont malheureusement aucune considération pour les arbres. Prises dans mon quartier, cette photo ainsi que celle en introduction en témoignent de façon éloquente.

Le passage répété de la machinerie au pied des arbres compacte le sol ce qui a pour effet d’écraser, de blesser, d’asphyxier et de faire mourir les racines (photo : Missouri Botanical Garden).

Lors de la construction ou la rénovation de votre maison, vous rencontrerez fort probablement des difficultés à convaincre l’entrepreneur chargé des travaux qu’il doit faire bien attention aux arbres existants. Toutefois, un entrepreneur consciencieux et faisant preuve de professionnalisme saura composer avec les arbres en place. Il prendra soin de protéger leur tronc pour éviter les blessures et il établira un périmètre de protection en installant une clôture autour des arbres les plus vulnérables.

Malheureusement, il est très difficile, voire parfois presque impossible, de conserver les arbres qui sont situés à moins de 3 mètres de l’emplacement des fondations d’une nouvelle maison ou d’une maison existante dont les fondations doivent être réparées. Lors du creusage, leurs racines seront probablement brisées au point de les faire mourir. Cependant, on peut tenter de transplanter ces arbres à l’aide d’une machine – appelée motteuse – spécialement conçue à cette fin.

Un périmètre de protection doit être constitué d’une clôture solide disposée à l’endroit où se termine la couronne de feuilles de l’arbre (photo : City of Surrey).

Voici quelques conseils pour les propriétaires de maisons en rénovation ou en construction ainsi que pour les fonctionnaires municipaux responsables des travaux publics et du service d’arboriculture. Les techniques proposées ici sont faciles à appliquer et permettront d’éviter le massacre inutile de nombreux arbres.

1. Ne relevez pas le niveau du sol à la base des arbres. Le collet d’un arbre – c’est-à-dire l’endroit où les racines se fixent au tronc – est une partie très sensible. Lorsqu’on enfouit leur collet sous la terre, certaines espèces d’arbres sont affectées au point d’en mourir. Ainsi, il faut à tout prix éviter d’entreposer de la terre ou d’autres matériaux lourds à la base des arbres.

2. Mettez du paillis à la base des arbres. Lorsque de la machinerie doit absolument circuler de façon répétée sous un arbre – et qu’aucun autre chemin ne peut être emprunté – il faut recouvrir le sol avec un matériau qui empêchera la compaction du sol et des racines. Une couche d’une épaisseur de 15 à 20 cm de paillis composé d’écorce d’arbres (paillis de cèdre, par exemple) ou de bois raméal fragmenté constitue le matériau idéal.

3. Protégez le tronc. Pour éviter que le tronc des arbres soit endommagé par la machinerie, il est préférable de l’entourer sur une hauteur minimale de 2 mètres avec d’épais morceaux de bois ceinturés par du fil métallique.

4. Créez un périmètre de protection. Lorsque de la machinerie doit circuler près des arbres, il est souhaitable de créer un périmètre de protection en installant une solide clôture en bois à l’extrémité de la couronne de feuilles ou, à tout le moins, à une distance minimale de 4 mètres du tronc. Cela évite que le sol soit compacté par le passage répété de la machinerie empêchant ainsi que les racines des arbres soient écrasées, blessées et asphyxiées. N’hésitez pas à installer sur la clôture un écriteau indiquant que tout dommage à l’arbre protégé sera passible d’une amende. Spécifiez également ce fait dans le contrat qui vous lie à l’entrepreneur qui rénove ou construit votre maison.

Remplacer un arbre mature qui est mort coûte très cher. Par exemple, en incluant l’abattage de l’arbre mort, l’essouchage, la machinerie et la main d’œuvre nécessaire à la plantation d’un arbre neuf, le terreau ainsi que le coût du nouvel arbre lui-même, cela peut représenter plus de 5000,00 $ ! Et tout cela pour se retrouver avec un petit arbre dont le tronc ne fera guère plus de 5 ou 6 cm de diamètre et qui mettra des décennies à atteindre une certaine maturité… De plus, le taux de mortalité des jeunes arbres fraîchement plantés est assez élevé. Extraire un arbre du sol d’une pépinière, le transporter jusqu’au site de plantation et le mettre en terre sans l’endommager ou le stresser n’est pas une mince affaire; il s’agit véritablement d’un art qui exige de grandes connaissances et beaucoup d’habileté.