Un pont végétalisé permettrait à Montréal de se distinguer sur la scène internationale et, surtout, de rassembler ses citoyens autour d’un projet novateur et utile dont ils pourraient être fiers. Sur la photo d'introduction on peut voir une passerelle végétalisée de 4 000 mètres carrés reliant deux nouvelles tours faisant partie d’un complexe appelé Bay Park Centre qui sera construit prochainement à proximité de la gare Union de Toronto.
Bien que les illustrations qui nous ont été présentées permettent de croire que son design sera plutôt réussi, je crois que nous avons raté une magnifique opportunité de doter notre métropole d’un nouveau pont Champlain végétalisé vraiment original. D’autre part, il serait certainement possible de récupérer et de rénover la structure actuelle du pont Champlain pour en faire un parc linéaire. Il semble toutefois que cette idée ne se concrétisera pas non plus puisque cette vieille structure sera bientôt démolie à fort coût.
Allons-nous une fois de plus laisser passer cette formidable opportunité de créer un élément architectural d’une grande puissance symbolique faisant la fierté des montréalais en ne construisant pas la fameuse dalle-jardin ? Ce viaduc végétalisé, proposé en 2010 par le Ministère des transports du Québec dans le cadre du projet de rénovation de l’échangeur Turcot, était censé créer un lien pour les piétons et les cyclistes entre le quartier Notre-Dame-de-Grâce et celui du Sud-Ouest. Mais, étonnamment, ce projet de viaduc végétalisé sympathique et rafraîchissant a été retiré des plans initiaux. Espérons que les pressions faites récemment par les élus provinciaux et municipaux permettront à ce projet emballant de voir finalement le jour.
L’un des moyens les plus efficaces pour intégrer ses immenses masses de béton et d’acier que constituent les infrastructures routières surélevées ou suspendues est assurément de les accompagner ou de carrément les recouvrir de végétaux. De plus, comme la High Line l’a fait pour la ville de New York, un viaduc végétalisé contribuerait à une sorte de renaissance du quartier où il serait érigé. En plus d’être devenue la fierté des citoyens, qui le fréquent assidument, la High Line a permis un essor économique important des quartiers qu’elle traverse, favorisant la construction de dizaines de commerces et de projets immobiliers à proximité du parc suspendu, avec plus 2 milliards de dollars en retombées économiques depuis son inauguration. La High Line attire chaque année cinq millions de visiteurs, ce qui en fait le deuxième lieu culturel le plus visité de New York. Considérée comme un symbole et un catalyseur, la High Line a encouragé les élus d’autres villes du monde à proposer à leurs citoyens des projets semblables. Les citoyens de Chicago, Londres, Mexico, Philadelphie, Rotterdam, San Francisco, Séoul, Toronto et de quelques autres villes ont tous espoir de voir naître prochainement de formidables projets de jardins suspendus. Ces projets novateurs, bénéfiques à de maints points de vue, nous permettent de redéfinir notre vision des infrastructures routières et d’enrichir notre définition des espaces verts.